dimanche 20 mars 2011

Vous verrez que dans 99% des cas, lorsqu'on vous demande votre avis, on n'en tient pas compte. Voire on fait le contraire. Comme si, demander conseil servait uniquement à se conforter, par opposition, à l'idée qu'on a déjà. 


Je suis quant à moi souvent poreuse à l'avis des autres. Ou du moins ouverte. Pas par manque de personnalité. Je ne crois pas. Mais parce que vraiment, les autres m'intéressent. 


Cet enfant a une grande passion du déguisement et un sens aigu de l'observation. Chaque vêtement ou foulard croisé est détourné de sa fonction de manière plutôt habile. Sans compter le nombre incalculable de fois où il se change... 


"ATTATION"  les playmobils vont disparaître quand il n'y aura plus de pétrole. (A)


Leur photogénie incroyable parfois. 


Ces situations aussi.. Un mélange de terrain vague où fertilise l'imaginaire et de poésie du rien. Elle a mis ses tongs avec des chaussettes dépareillées sur son pantalon d'équitation et organise un concours de pétales de fleurs dans le jardin. Lui en pull marin encolure danseuse et ses chaussettes de foot vert pomme remontées jusqu'au cuisses. L'autre en bermuda toile à transat avec des baskets du 40.


Rien qu'à les regarder à travers la vitre de la cuisine parfois j'ai envie de pleurer tellement je les aime. Tellement ils n'ont pas conscience de la beauté pure du spectacle qu'ils offrent gratuitement. Celui d'être et de vivre. 


L'actualité vue par B:


Tu te rends compte maman, les chiens sauveteurs, quand ils arrivent trop tard et que la personne est déjà morte, ben ils dépriment. Les chiens dépriment! Tu te rends compte??
Et aussi, "pour des raisons de sécurité, les filles de Barack Obama ne sont pas sur Facebook"


L'actualité vue par A:


Regarde, maman, les avions de chasse qui partent en Lybie. Il va y avoir une guerre tu crois? Pour punir le dictateur? Oui mais est-ce-que les missiles américains vont tuer des gens innocents? Et au Japon, tu as vu, l'eau et la terre et les aliments sont très gravement irradiés autour de Fukuchima. Comment ils vont faire maman? Et tu as vu ce monsieur tout seul sur son radeau qui a été sauvé? 


Tu avais le trac quand tu étais petite toi?  Moi oui. J'ai peur de la foule... C'est pour ça que je n'ai pas voulu lire hier. (les larmes aux yeux) (il voudrait tellement trouver le courage)


Le parchemin de Charlie!! Le parchemin de Charlie!! Et la clé! ouais!!! la clé!! 


J'ai eu deux longues minutes de parfait silence. De calme total. Quand les mystères à la vanille coeur meringue sont arrivés dans les assiettes.


Un couple de grives construit son nid dans le cerisier. C'est mieux qu'un dvd... 


-Maman, tout le monde a fini en bas....
-Oui j'arrive, deux secondes...
-Deux secondes c'est trente minutes?




samedi 19 mars 2011






Assemblage visuel du samedi matin


Maman, t'es dans les vagues? (O)


No, I'm thinking (sinking?)




Ca fait une semaine qu'ils disent que les prochaines 48 heures seront déterminantes... (A. hier matin)

Je vais être préhistorien français. Tu sais maman, les hommes préhistoriques,  ils n'avaient pas de pain au petit dèj. Pas de Nutella non plus. Juste de la viande et des trucs comme ça. (O)

Les pyjamas? Dans l'armoire à DVD pourquoi. C'est pourtant simple.


J'aime bien ne boutonner que les deux premiers boutons il me dit... ça fait comme les cabans de l'époque.  (style déjà très très arrêté...à 6 ans.. mon Dieu..)


Bonjour, ça va, merci, au revoir. OK. (conversation réduite à ses fonctions minimales)


Tu poses la question parce que tu veux savoir ce que j'en pense? Ou tu t'en fous en fait?


Immense sympathie pour toi jeune homme au Scenic complètement défoncé et au charmant sourire complice à la vue de mon Evasion déglingué. Amis d'infortune, se reconnaissant le temps d'un battement de cils, comme appartenant à la même équipe aux jeux des épaves olympiques.


On s'en fiche de mettre une culotte avec une fleur c'est le week-end, personne nous voit et je vais pas à l'école... Hein?


Et le haut de pyjama violet de la cousine, personne ne le voit non plus, fort heureusement.


Je voudrais bien racler le fond de la mer avec mes bras immenses télescopiques. (o)


De l'art de faire des descriptions et de ne pas y arriver. (bientôt en librairie)


C'est i-ni-ma-gi-nable que tu ne fasses rien! Tu m'entends! 


Je cherche mon patronus.


Il va falloir que la Joconde arrête de sourire elle va finir par m'énerver. C'est vrai elle est crispante à nous narguer depuis sa cage de verre blindé avec son air en coin là.  Je comprendrais moi qu'un désaxé lui tire dessus.. Qu'on en finisse avec Mona Lisa. Et que le monde occidental passe à autre chose.


Je te l'ai déjà dit. Cent fois. Ok. Merci. Bonne journée.
(télégraphie des sentiments)












mercredi 16 mars 2011

Merci


Je glisse ma main sous son tee-shirt et je caresse son dos tout chaud en murmurant "c'est l'heure mon crapaud à la noix de coco, il faut se lever"... Chaque fois il me demande désespéré pourquoi je le réveille si tôt; se roule en boule et rassemble ses jambes allumettes sous son torse recourbé en position de prière à l'oreiller et à la nuit qu'il doit quitter. C'est dur d'être un loir quand on doit aller à l'école. C'est une épreuve. Alors il grimpe sur mon dos dans un rituel établi, accroche ses petites mains à mon cou, colle sa tête dans le creux de mon épaule et se laisse bercer jusqu'au canapé gris. Je le dépose. Il me dit qu'il a froid. Je l'enroule dans un grand pull ou un plaid et je commence les chocolats chauds.
-"Maman tu sais, au fil du temps, il y a des bouts de soleil qui se décrochent et qui tombent dans l'atmosphère..."
C'est bon... Les connexions neuronales sont enclenchées. Marin tintin commence sa journée.


Armel, debout aux aurores, comme toujours le premier, est très préoccupé par ses bulbes qui commencent à germer. Il va falloir les planter. Puis il va observer par la fenêtre l'état de ses boules de graisse spéciales mésanges. Ce qu'il fera à midi et au goûter aussi... Il est allé chercher le journal. A commencé à le lire et nous informe de l'avancée de la catastrophe au Japon. Ce drame le traumatise très fort. Hier soir il pleurait. Prendre conscience de la finitude de façon aussi violente c'est pas facile pour un petit garçon de 8 ans.


Et la petite cacahuète débarque avec clown dans la main et le pouce dans le bec. Avec sa bouille d'angelot des Alpes qu'on a envie de dévorer de baisers. Dieu que cet enfant est charmant (en apparence au moins, je ne suis pas dupe). Ses yeux m'implorent... Sa bouche s'étire dans un sourire dévastateur. "S'il te plaît maman, je t'en supplie, dis oui, je voudrais tellement, rien que pour une fois.... aller à la garderie"
J'obtempère  si il n'y a que ça pour le combler! Soit!
Il se dirige vers le garde manger, se prend quatre chocos BN, file à la cuisine les emballer dans du papier allu, se saisit du cartable offert pendant les vacances par Caroline, glisse son gouter dedans, et encore en pyjama le met sur ses épaules avec une fierté infinie. Tu sais maman, quand tu seras vieille et que je serai un humain, je t'aimerai encore. J'adore qu'il se trompe et dise un humain au lieu d'un homme. 


dimanche 13 mars 2011

Elle m'a chassée dans l'haleine de son rire franc et j'ai disparu. Je me suis évaporée. Là où je m'imaginais, en fait je n'existais pas. 

Soudain dans ce sourire, tout comprendre. 

J'en suis sûre maintenant, il y a des lieux qui sont notre grammaire intime. Ils nous conjuguent, nous accordent et font advenir notre langage. 

Mais que fait cette plaque de neige pas fondue au milieu de tout ce paysage ensoleillé ; seule et incongrue?

Elle me dit "j'ai l'impression de te perdre"... On ne perd rien ni personne. On meurt juste à nous même.

De la Saxe, au sexe, il n'y a qu'un e.

Oh.. Rien de particulier. Si ce n'est une main.

Tu es sans phase de transition il me dit. J'entends sans phrase de transition. Les extrêmes oui. Dont je m'efforce pourtant de polir les crêtes telle une Sisyphe acharnée.

Mes mots orphelins de l'oreille qui ne les entend pas. 

On traverse l'Elbe. Dieu que ce nom m'est doux.

Rien ne pourra jamais barrer la route à mes yeux. Un mot, un seul, pour te définir? Ton regard il me dit.

J'aime ses théorèmes et ses théories. Sur les slaves et sur mon irrationalité. 

Oui monsieur j'ai des rapports avec la lumière. Des rapports intimes.

La fumée s'échappe, perpendiculaire au conduit de la centrale hydraulique. Elle dessine dans le bleu du ciel décor un taffetas de nuages pompons d'une netteté de mirage.

Viens là toi. Viens te coller dans les coins de ma pensée. Habite mes recoins.

Y a t-il un médecin dans la salle pour mettre un garrot à mon angoisse?
Et que ça cicatrise! Et que ça saute!
Les touches de mon clavier se mettaient à écrire toutes seules. Surtout des chiffres et des consonnes à répétition. Je savais que la personne destinataire de mes mots n'y comprendrait rien. Et je ne voyais pas le moyen de m'en sortir. D'arrêter ce flux incontrôlé de non sens. J'ai finalement réussi à taper "un ange" et je suis arrivée en haut, tout en haut d'une montée abrupte dévoilant une vallée sublime, genre de caprice pictural du XVIII ème. On m'avait répondu. Les vaches paissaient au loin dans une lumière de tableau hollandais.  
Je me suis réveillée seule sous ma couette toile à matelas dans le vieux canapé lit de Zosia. 5h30... Le soleil émerge. Les levées de terre enfouies dans la vapeur de l'aube encadrent la Vistule paisible. Têtes de lit végétales. L'herbe rousse est gelée, à perte de vue, comme une propagande à l'hiver. Qui n'en finit pas. Ce soir on mangera du hareng.
Mon regard se promène dans cette pièce, si familière. Je jouis de chaque détail. Je m'en imprègne. Le rayon de lumière dorée sur ce carreau bleu de Delft. La poussière qui danse au dessus du vieux samovar. Le vase en verre orange, l'autre, indigo, sur l'armoire à vaisselle. L'horloge rococo. Les fauteuils rouges des années 40.
Le moteur du frigo repart comme un tupolev antique et berce mes songes matinaux embrumés.  
Elle est assise à l'à pic de ma tête... Nonchalante et alanguie. Je pense qu'elle sait que je la regarde. Elle n'a pas de collier mais porte une bague à chaque annulaire. 
Il a décidé qu'elle s'appelait Magadalena. Parce que sa jupe à pois bleue lui plaît. Moi je trouve qu'elle a plutôt une tête et un air. Un air surtout.  A s'appeler Irène. A cause de son chemisier ourlé de dentelle fine. Et de sa manière déviée de me jauger. Ses bras caressent les accoudoirs. Elle sourit, énigmatique Joconde de Przegorzaly. Les prénoms et les gens nous viennent pour des raisons étranges. Il vaut mieux renoncer à comprendre et entrer en contemplation.

Krakow



Krakow