jeudi 25 juin 2009

Vivante

Je chantonne dans la voiture au feu rouge. Le thermomètre affiche 37 (à l'intérieur). Autant dire qu'il fait bon. Je suis dans une semi torpeur. Hébétée. Fatiguée. 
Le feu passe au vert, je mets mon clignotant et m'apprête à tourner à droite quand une petite grand-mère s'engage sur le passage piéton. Je pile. Elle avance sa canne, tout doucement, sa démarche est hésitante. Equilibre instable. Elle penche un peu. Ecrasée par la chaleur. Elle est toute élégante. Avec son petit chemisier bien repassé, sa jupe légère et son sac à trésors, auquel elle est comme agrippée. On sent que la traversée de la route est un événement de la plus haute importance. Calculer ses foulées, aller vite mais pas trop pour ne pas tomber. Ne pas énerver les automobilistes qui patientent. Rester digne. Et je trouve cette scène incroyablement émouvante. Je me sens fondre sur mon siège. Cette femme me bouleverse. Par ce qu'elle est. Son corps courbé, la blancheur éblouissante de ses cheveux, l'application dans chacun de ses gestes fragiles, son élégance surannée pour aller faire trois pas comptés dans la rue. Elle est vivante, tellement vivante... Je ne sais pas, elle traverse la route, elle est toute simple, elle sourit discrètement. J'ai envie de sortir l'aider, de lui parler de sa jolie petite jupe, je voudrais savoir ses goûts et ses couleurs, je voudrais lui donner la main jusqu'à l'autre rive... Je ne sais pas si c'est cette chaleur orageuse... Parfois le genre humain m'épate. Je suis fière des hommes, là, dans ma voiture, sur le chemin de l'école... 

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